Surnommé le « zoulou blanc », Jonathan Clegg, dit Johnny Clegg a été compté parmi ceux qui avaient combattu, sans trêve, le régime de la ségrégation raciale de l’apartheid en Afrique du sud. Au péril de la vie, l’homme, le célèbre chanteur-auteur-compositeur et interprète Sud-africain également danseur zoulu est décédé le mardi 16 juillet 2019 à Johannesburg de suite d’un cancer.
Le « zoulou blanc » né le 7 juin 1953 à Bacup aux environs de Rochdale, près de Manchester au Royaume-Uni et d’un père britannique et d’une mère zimbabwéenne, ce chanteur de jazz de cabaret, Johnny Clegg avait débarqué en Afrique du Sud à l’âge de 7 ans. Et à l’époque, c’était la minorité blanche qui régnait en maître absolu sur la majorité noire.
Il sera ensuite initié aux cultures locales par son beau-père journaliste et une fois d’ailleurs, et soutenait toujours que sa lutte contre l’apartheid n’avait rien à voir avec la politique.
Les thèmes de ses chansons sont principalement axées sur la lutte contre l’Apartheid. A travers lesquelles, le zoulou blanc s’est toujours, inlassablement, montré comme le défenseur de la culture africaine.
Le sens de son combat avait même créé un rapprochement entre lui et Nelson Mandela surnommé « Madiba », le héros de la lutte anti-apartheid emprisonné à Robben Island, en Afrique du Sud, pendant plus de vingt ans.
Clegg qui fut successivement leader des groupes Juluka et Savuka, avait même dédié au père de la lutte anti-apartheid son célèbre tube, une émouvante et historique chanson intitulée ”Asimbonanga” signifiant en langue zoulou « Nous ne l’avons pas vu ». La seule évocation du chef du Congrès national africain -ANC- qui était ensuite strictement interdite par le régime de Pretoria.
Johnny Clegg était loin de vivre sans attaques et menaces de mort de la part de l’ancien système. Il a fait l’objet de plusieurs arrestations et parfois même, l’artiste a même eu à se produire en cachette dans certains de ses concerts.
En 1997, alors qu’il était désormais libre, il s’était retrouvé sur scène à Francfort , en Allemagne, pour un concert magique et inattendu.
Et Nelson Mandela était non seulement l’invité d’honneur mais également l’invité surprise de ce concert au cours duquel il avait déclaré : « c’est la musique et la dance qui me mettent en paix dans le monde ».
Pendant qu’il était sur scène en train d’exécuter « Asimbonanga », le public épris d’émoi, s’était levé comme un seul homme et entonnait avec Johnny Clegg le « zoulou blanc », cette célèbre chanson en hommage à Nelson Mandela.
« J’ai aperçu du coin de l’œil quelqu’un derrière moi qui était en train de monter sur la scène, en dansant … C’était Mandela ! Ça a été un choc. Je ne savais même pas qu’il était là », c’est ce qu’avait raconté Johnny Clegg à l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.
Johnny Clegg le « zoulou blanc » a cassé sa pipe à l’âge de 66 ans.
Fabrice Lukamba