À Lomé, le Togocom Fimo 228, le Festival international de la mode au Togo, vient d’achever sa onzième édition. Porté par le créateur Jacques Logoh, ce festival est dédié aux talents d’Afrique, de sa diaspora et internationaux. Nous y avons rencontré Juliette Ouedraogo, styliste du Burkina Faso qui avec sa marque JL’O Design est devenue une référence dans le milieu de la mode de son pays. La créatrice transforme les tissus en œuvres d’art portées par des personnes du monde entier.
« Je ne sais pas ce que je ferais si un jour j’arrêtais de travailler dans la mode , par exemple si je prenais une retraite anticipée. Je ne sais pas ce que je ferais. J’ai besoin de cela. », un fait savoir Juliette Ouedraogo, styliste et créatrice de JL’O Design.
A elle de continuer : « d’abord, cela s’appelait le design de la vie. Ensuite, cela s’est transformé en JL’O Design parce que je voulais vraiment faire une marque qui porte mon nom, avec les initiales de mon nom. »
Originaire du Burkina Faso, Juliette Ouedraogo suit un cursus scientifique avec un baccalauréat option sciences biologie, mais sa passion, c’est déjà la mode. Elle bataille très fort avec son père pour qu’il accepte qu’elle s’oriente vers des études de mode. Elle arrive à Lyon où son apprentissage est intense, trois ans d’études où elle fusionne les cours de modélisme et ceux de stylisme.
Après l’obtention de son diplôme, elle enchaîne une autre formation sélective sur Paris, un Master en créateur couture. Elle rentre au Burkina Faso après une absence de six ans, et se lance dans l’industrie de la mode. Elle crée sa marque JL’O Design en 2012, en lui donnant un ADN très reconnaissable.
« Je travaille à respecter le corps de la femme, pour lui donner une certaine aisance dans le vêtement. Beaucoup de femmes, quand elles commencent à porter mes vêtements, elles se sentent beaucoup plus attirantes. Elles disent « Ah oui, quand j’arrive quelque part, j’ai confiance en moi . » Elles arrivent à avoir de l’amour pour elles-mêmes et à partir de cet amour qu’elles ont pour elles-mêmes, quand elles se voient dans le miroir, elles arrivent aussi à transmettre de l’amour, de la confiance et de la bonne humeur. »
« Je travaille vraiment sur le détail, par exemple sur ce chemisier-là, que je porte le détail du col. C’est quelque chose qui ne se fait pas tout le temps, surtout en Afrique. C’est un sourcing que j’ai fait jusqu’à Taïwan pour le ramener au Burkina pour des chemisiers mixés avec des motifs africains. Mes vêtements, quand les gens les voient dans la rue : « Ah oui, c’est du JL’O Design. C’est le détail qui m’a attiré ». Je suis prête à parcourir le monde pour aller chercher des petits accessoires qui vont justement faire la différence. »
Métissage culturel
Avec sa marque, Juliette Ouedraogo conçoit des collections pour homme, femme et enfant, mais ce qui tenue surtout cette styliste burkinabè, c’est le métissage culturel et la réalisation d’une mode sans frontières et sans limites.
« La mode n’a pas de frontière. L’inspiration n’a pas de frontière. Quand j’étais étudiante, j’ai travaillé avec beaucoup de bureaux de style et j’ai parcouru beaucoup de salons. J’ai toujours été inspirée par les chasseurs de tendances qui parcourent le monde entier à la recherche souvent de petits détails pour annoncer une collection qui va se faire dans trois, quatre ans. »
« Je me dis qu’il n’y a pas à se limiter en se disant que je viens du Burkina Faso, il faut que je travaille uniquement le coco Dina, le pagne tissé. Demain, je peux travailler, par exemple, le Kente ou faire une collection purement japonaise. Je me dis que je n’ai pas le droit de me limiter parce que le mode n’a pas de frontières. Je respecte quand même un certain style que les gens arrivent à reconnaître. »
Pour le Togocom Fimo228 et sa 11e édition, Juliette Ouedraogo a présenté une collection intitulée Doll, un hommage aux femmes des temps modernes.
« C’est une collection de la femme poupée. La femme poupée et en même temps la femme active qui a ce côté combatif. Et en même temps, elle a envie d’avoir ce côté bébé, ce côté poupée, elle a envie d’être cajolée un peu douceur, elle a envie que quand elle rentre le soir avec son sac à main, de retrouver une certaine, de se retrouver dans des vêtements plus soyeux, vaporeux, douillets. »
« Parce que quand elle va en réunion, quand elle est sur le terrain, elle ne peut pas se permettre de mettre des vêtements avec des strass, des petites plumes ! Non. Sur ces vêtements, c’est une combinaison de deux univers, et en même temps, je profite de cette collection pour mettre en valeur la coco Dina du Burkina Faso. C’est une matière tissée par valeureuses femmes et je profite de mettre ces matières en valeur avec l’ajout de la couleur rose. »
Ciel Bleu/RFI